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En vers et contre tout, chroniques malpensantes
29 septembre 2011

Sénatoriales : définir la vertu par contre-exemples

Quand on a la candeur de croire qu'on pourra faire autrement, imaginer les choses différemment, se laisser surprendre par l’orgueil juvénile que nécessairement notre jeunesse et la haute conscience du passé tendent à nous procurer, la faculté de tirer les leçons d'une histoire qui ne finit de s'écrire que devant nous, et même intimement persuadé qu'on pourra imaginer ce grand défi de la vertu et le relever seul, on n'en demeure pas moins irréductiblement en demande de références, d'exemples de moralité publique sur lesquels on pourrait s'appuyer pour mieux imaginer comment sublimer encore davantage ce dessein qui, bien que certainement utopique, n'en reste pas moins le sain témoignage d'une candeur  ô combien rassurante sur la capacité de l'humanité à se régénérer moralement.

Et bien si ces élections sénatoriales ont été, comme tant d'autres hélas depuis déjà trop longtemps, si pauvres en exemples à suivre, elles ont au moins eu le mérite de donner à voir des exemples qu'il convient de ne pas suivre.

Qu'il s'agisse du président Christophe Béchu qui désormais semble souffir d'une “candidatite” aigüe qui l'empêche presque pathologiquement d'envisager un suffrage autrement que par le seul prisme de son ascension personnelle, au mépris systématique de ses électeurs d'hier ou d'avant hier et dans la promesse toujours régénérée d'une abnégation généreusement affichée à ses électeurs d'aujourd'hui mais hélas toujours plus illusoire. Dommage que celui qui préside aux destinées de notre département n'imagine pas la démocratie autrement que comme un turf où l’ego le dispute au cynisme.

Qu'il s'agisse de Monsieur Gilet, qui n'envisage l'indépendance que quand il n'a plus rien à perdre parce qu'il a tout perdu et que l'allégeance est devenue inopérante à la servir. Mais où donc étiez vous Monsieur Gilet, quand depuis plusieurs années déjà, et même depuis 2002, François Bayrou et quelques uns refusaient déjà au risque pour eux de tout perdre (et personne ne pourra nier qu'ils ont beaucoup perdu) de rejoindre le nouvel appareil triomphant de « la droite et du centre » et qui n'était déjà que la parti de « la droite et de la droite » et dont vous avez applaudi l'ouvrage pour mieux vous attacher les faveurs des nouveaux barons et peut être même caresser l'espoir de vous faire une place confortable parmi eux. Quand on s'est si bien accommodé des fastes de la notabilité locale au mépris de ceux qui continuaient pourtant de croire sincèrement qu'une voie démocrate indépendante d'un système bipolaire épuisé était possible, on ne revient pas, ainsi claironnant, revendiquer la direction de troupes dont on s'est si peu soucié du sort.

L'indépendance n'est pas une vertu qui s'improvise dans des regrets désespérés, un peu d'humilité de grâce et qu'un véritable acte de contrition, pour utiliser une terminologie qui vous conviendra, s'impose comme un préalable à un retour dans cette famille dont trop souvent des attitudes comme la votre ont allègrement piétiné l'honneur et sacrifié la réputation sur l'autel des plus basses cupidités.

Quant au troisième contre-exemple, il nous est fourni par le triste portrait du sénateur UMP Dassault qui, à 86 ans, est cette image pathétique qui inflige tant de souffrances à notre démocratie en lui donnant l'allure d'une ploutocratie aux reliefs jaunis de la gérontocratie, où la dignité du mandat n'a d'autre enjeu que celle d'une médiocre opération commerciale, où les honneurs de la république se négocient sur un étal aux effluves de naphtaline.

Voici que se réinvente au sein de la République pourtant fardée des beaux principes de 1789 une vénalité des offices à l'envers où l'honneur est aujourd'hui rémunérateur tandis qu'auparavant il avait au moins cette pudeur de couter fort cher à celui qui entendait se l'attacher.

D'élections en élections, que de leçons effectivement...

Léo Gabillard


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Commentaires
V
Et bien tu m'as l'air bien désabusé !<br /> Je comprends ton amertume s'agissant du Sénat...
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